Debout devant les participants de la Salle des Promotions du Pavillon Camille-Roy à Québec, Dr Claudel Pétrin-Desrosiers invite la population à rêver de « se refaire une santé collective par l’action climatique ».
L’hypothèse sous-entendue par Dr Pétrin Desrosiers est que de prendre part à des activités visant à diminuer les causes et les impacts des changements climatiques serait en soi bon pour la santé et le bien-être. Ce rêve incarne bien l’esprit du colloque Agir pour des villes vivantes, organisé par l’équipe de Milieux de vie en santé | Nature Québec.
La programmation de la journée de colloque s’annonçait riche en discussions : des conférences et des panels étaient prévus sur les leviers d’action face aux changements climatiques, l’impact des trames vertes et actives, la place de la nature dans le réseau de la santé et des services sociaux ou plus largement dans notre tissu social, ou encore la collaboration multidisciplinaire pour créer des politiques innovantes.
En prenant un peu de recul, toutes les discussions du colloque présentaient des facettes d’une autre idée qui peut se résumer ainsi : la déconnexion entre la société et la nature entraîne actuellement des conséquences négatives sur nos environnements et sur la santé humaine, et ce partout sur la planète, et qu’il est urgent d’agir à tous les niveaux pour reconnecter la nature à nos activités quotidiennes.
Une vision appuyée par des élus
Les mots de bienvenue offerts successivement par Marie-Pierre Boucher, conseillère municipale à la Ville de Québec, Jean-Yves Duclos, ministre de la Santé et Cyril Frazao, directeur exécutif de Nature Québec, pointaient également vers cette idée. Devant le constat des nombreux impacts sur la santé et de leur ampleur grandissante, leurs organisations et gouvernements s’engagent à développer et soutenir davantage d’initiatives d’adaptation conçues avec, par et pour les citoyens. L’appel unanime des conférenciers à l’action a semblé galvaniser les participantes et les participants du colloque.
Au fil de la journée, certaines statistiques, certaines locales et d’autres mondiales, ont marqué les esprits. En voici quelques-unes en rafale :
- La différence d’espérance de vie moyenne entre la haute-ville et la basse-ville de Québec serait de 8 ans. (CIUSSS de la Capitale-Nationale, Direction régionale de santé publique, 2018)
- Au Québec, plus de 20 000 décès seront causés par l’augmentation de la température dans les 50 prochaines années. (Ouranos et INSPQ, 2015)
- L’amélioration du système de soins contribuerait à 25% de l’augmentation de l’espérance de vie, alors que les habitudes de vie, les environnements et les conditions de vie en contribueraient à 73%. (INSPQ)
- La pollution provoquée par les énergies fossiles a été responsable de plus de 8 millions de morts prématurées en 2018, soit 20 % des adultes décédés dans le monde (Environmental Research, 2021)
- Les changements climatiques sont la plus grande menace à la santé du 21e siècle (The Lancet, 2009) et l’action climatique est la plus grande opportunité à la santé du 21e siècle. (The Lance, 2015)
- L’action climatique pourrait sauver annuellement 1,6 million de vies en assainissant l’air, 6,4 millions de vies en améliorant l’accès à une meilleure qualité nutritionnelle et 2,1 millions de vies par une meilleure activité physique. (OMS)
Quels impacts les milieux urbains peuvent-ils avoir sur ces enjeux?
Un panel de clôture animé par Dr Pétrin-Desrosiers et composé d’Alexandre Warnet, conseiller municipal de Laval-des-Rapides, Mélanie Beaudoin de l’Institut national de santé publique du Québec et Marie-Josée Coupal, conseillère en environnement à la Ville de Québec a permis d’ouvrir une discussion sur l’implantation de politiques environnementales efficaces dans les municipalités. Les panélistes et les personnes dans la salle ont pointé de nombreux obstacles à l’action collective et aux initiatives citoyennes, dont la complexité de l’administration et l’accès au financement. Le caractère multidisciplinaire des actions requises rendrait particulièrement difficile l’accès au financement, car les programmes sont souvent thématiques alors que l’interrelation entre l’environnement et la santé interpelle un grand nombre d’expertises et une variété de ressources provenant de différentes équipes et, donc, financés par différents programmes.
Cela étant dit, il y a toujours de l’espoir, selon les panélistes. «Est-il toujours possible de s’en sortir? » a demandé une participante. «Oui! », s’est permis de répondre la conseillère municipale de Limoilou Jackie Smith. Selon elle, la société est mûre pour un changement de culture et nous approchons d’un « point de bascule pour les mesures environnementales ». Madame Coupal a pour sa part souligné la place grandissante que prend l’environnement dans la politique municipale. Monsieur Warnet, quant à lui, a rappelé l’importance de ne pas se décourager et la nécessité de faire certains choix qui apparaîtront pour plusieurs comme des sacrifices, mais dans lesquels nous trouverons du sens et un sentiment de solidarité.
Retour en images sur la journée
Un vidéaste a immortalisé les beaux moments de partage et de réseautage durant la journée et la soirée.
Ressources
Parlons de changements climatiques pour sauver des vies: https://www.ted.com/talks/claudel_petrin_desrosiers_parlons_de_changements_climatiques_pour_sauver_des_vies
Programmation du colloque : https://milieuxdevieensante.org/wp-content/uploads/2022/10/mvs-ev-vv-prog-20221005-lo.pdf
Pour en savoir plus sur Milieux de vie en santé : https://milieuxdevieensante.org/
Les moments clés du colloque sont aussi disponibles sur le fil Twitter de Nature Québec : https://twitter.com/NatureQuebec