L’arthrite, une maladie qui fait mal au-delà de la douleur

28.06.2021  -  
Katherine Duchesne

L’arthrite constitue l’une des principales causes d’invalidité au Canada. Contrairement à la croyance populaire, l’arthrite ne touche pas uniquement les personnes âgées; elle affecte tous les groupes d’âge de tous les sexes.

L’arthrite constitue l’une des principales causes d’invalidité au Canada. Contrairement à la croyance populaire, l’arthrite ne touche pas uniquement les personnes âgées; elle affecte tous les groupes d’âge de tous les sexes. Les traitements sur le long terme sont aussi un lourd fardeau économique pour la société. Au-delà des symptômes connus, l’arthrite cause beaucoup de morbidité. Par exemple, le risque de maladie cardiovasculaire augmente de 40% (valider) par rapport à la population en générale. Cela, sans compter les effets néfastes sur la santé mentale pour la personne qui doit quitter son emploi ou restreindre ses activités.

Les formes d’arthrite

L’arthrite est une maladie inflammatoire chronique des articulations qui regroupe plus d’une centaine de maladies inflammatoires telles que la polyarthrite rhumatoïde (la plus connue), le lupus érythémateux disséminé ou la sclérodermie systémique.

L’arthrite inflammatoire est en fait un dérèglement de notre système immunitaire qui ne reconnaît plus nos propres cellules. Il s’attaque aux tissus articulaires au lieu de s’occuper plutôt des microbes, virus et autres substances étrangères. Les arthrites inflammatoires sont des maladies systémiques, ce qui signifie qu’elles peuvent toucher plusieurs organes ou tissus chez un-e même patient-e tout en causant de la fatigue. La polyarthrite rhumatoide, la plus connue des arthrites inflammatoires touche une personne sur 100 au Canada. Elle est diagnostiquée majoritairement chez les adultes dans la force de l’âge.

Les manifestations de l’arthrite inflammatoire est variable d’une personne à l’autre. Par exemple, le lupus, parfois appelé la maladie aux 1000 visages, peut être associé à des lésions cutanées, des atteintes articulaires, de l’inflammation aux reins, au cerveau ou au cœur. Elle touche à 90 % des femmes, et la majorité entre 20 et 40 ans.

Quant à l’arthrose, il consiste en un problème de cartilage entre les os qui dégénère rapidement. L’arthrose était autrefois décrite comme une arthrite dégénérative ou une arthrite d’usure alors des études récentes indiquent qu’elle découlerait plutôt de l’incapacité du corps à réparer les tissus articulaires. Les symptômes les plus courants sont la douleur, la raideur et l’enflure articulaires, ainsi qu’une amplitude de mouvement réduite dans l’articulation touchée.

Les différentes formes d’arthrite partagent entre elles, et avec d’autres maladies inflammatoires chroniques, des prédispositions génétiques associées à des causes environnementales possiblement alimentaires, microbiennes ou liées à la pollution et la cigarette. Elles impliquent différents types de cellules immunitaires ainsi que leur réseau de communication menant à l’inflammation.

Cette complexité peut retarder le diagnostic alors que nous savons qu’un diagnostic précoce accompagné d’une prise rapide de médicaments adéquats évite des dommages tels que l’érosion des articulations pouvant survenir avec la polyarthrite rhumatoide.

Un coût énorme pour la société

L’étude de ces maladies a contribué au développement de médicaments biologiques, comme les anti-TNF. Malgré les bénéfices qu’apportent ces médicaments, ils ont transformé le fardeau humain et social de l’arthrite vers un poids économique, en lien avec le prix élevé des agents biologiques. En effet, les traitements qui doivent être administrés sur une longue période de temps dans le but de maintenir la rémission sont assez coûteux sur le long terme.

Sauriez-vous reconnaître les symptômes ?

Les manifestations de l’arthrite devraient être mieux connus afin de favoriser ce traitement précoce. Idéalement, un patient devrait être vu à l’intérieur de 12 semaines après début des symptômes. Le défi est que la personne reconnaisse les signes de la maladie et qu’elle soit référée rapidement par son médecin de famille pour entamer un suivi en rhumatologie. Bien que la maladie ne se guérit pas, il est possible d’avoir une bonne qualité de vie avec un traitement approprié et administrer dès les premiers symptômes.

«Les douleurs inflammatoires qui correspondent aux symptômes de l’arthrite sont à l’envers de ce qu’on s’attendrait : elles surviennent au repos, la nuit, et sous forme de raideurs matinales. Et vous avez moins mal au fur et à mesure que la journée avance !». de mentionner le rhumatologue et chercheur Paul R. Fortin.

Les douleurs «normales», non-inflammatoires, sont quant à elles augmentées par l’utilisation des articulations et ne correspondent pas à de l’arthrite nécessairement.

Pourquoi faire de la recherche sur l’arthrite ?

Le diagnostic de l’arthrite est encore très dépendant de l’examen physique, même s’il y a des tests diagnostiques pouvant aider le rhumatologue. La recherche va permettre de développer, tester et amener en clinique de meilleurs outils pour pouvoir détecter l’arthrite plus tôt et de manière plus précise. Dans les prochaines années, les maladies inflammatoires et osseuses chroniques augmenteront, notamment à cause du vieillissement de la population

Aujourd’hui, on pense que la recherche pourrait permettre de bien comprendre «la signature inflammatoire» d’un patient afin que le rhumatologue lui administre le meilleur traitement dès le début. C’est ce qu’on appelle la «médecine personnalisée». Actuellement, cela peut prendre plusieurs années avant de trouver le bon traitement ce qui peut laisser la maladie faire des dommages irréversibles.

Le nouveau Centre de recherche Arthrite, à l’intérieur du centre de recherche du CHU de Québec, regroupe différents professionnels de la santé et chercheurs afin de faire avancer la recherche sur le sujet. Un des avantages à avoir ce centre à Québec est de pouvoir collaborer avec un grand nombre de patients, tous regroupés au CHU. Québec permet aussi d’avoir une équipe de recherche clinique et un protocole permettant de recruter les patients rapidement, marier à une grande coordination pour faire les prélèvements servant à la recherche clinique de type fondamentale. «Cet alignement de planètes est à peu près unique au Canada» souligne celui qui est aussi professeur à la Faculté de médecine, Paul R. Fortin.

Ressources

Association des médecins rhumatologues du Québec : www.rhumatologie.org/fr/je_suis_un_patient/maladies.asp

Pour en savoir plus sur l’arthrite : www.arthrite.ca/

Pour connaître la recherche sur l’arthrite : www.arthritisresearch.ca/recherche/

Faculté de médecine, programme d’études médicale postdoctorales en rhumatologie : www.fmed.ulaval.ca/programmes-detudes/etudes-en-medecine/residences-etudes-medicales-postdoctorales/residence-en-rhumatologie/presentation/

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