L’incidence des problèmes cardiovasculaires graves serait 44% plus élevée chez les personnes qui ont accès au cannabis médical
cannabis médical est de plus en plus prescrit aux personnes souffrant de douleurs chroniques, mais son usage ne serait pas sans risque. Une étude qui vient de paraître dans BMC Cardiovascular Disorders associe le cannabis médical à une hausse de 44% du risque de problèmes cardiovasculaires graves.
Arsène Zongo, de la Faculté de pharmacie et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, et six chercheurs de l’Université de l’Alberta et de l’Université de Toronto, ont examiné l’incidence des visites à l’urgence ou des hospitalisations en raison d’infarctus ou d’accident vasculaire cérébral chez 18 653 patients à qui on avait prescrit du cannabis médical. Ils ont fait le même exercice pour un groupe de 51 243 patients comparables sur le plan des caractéristiques sociodémographiques, des habitudes de vie et de certains indicateurs de santé.
Pendant le suivi des sujets – qui a été de 8 mois en moyenne –, l’incidence des événements cardiovasculaires graves a atteint 7,19 par 1000 personnes dans le groupe cannabis et 5,67 par 1000 personnes dans le groupe témoin, soit une augmentation de 44% du risque.
Lorsque tous les événements cardiovasculaires, peu importe leur gravité, ont été considérés dans les analyses, leur incidence était de 28,34 par 1000 dans le groupe cannabis et de 19,0 dans le groupe témoin, soit une hausse de 47% du risque.
« Considérant le peu de preuves scientifiques démontrant l’efficacité du cannabis médical, il est important que les médecins évaluent bien les bénéfices et les risques avant d’en prescrire à leurs patients. »
— Arsène Zongo
L’étude ne permet pas d’établir de lien de cause à effet entre le cannabis médical et les problèmes cardiovasculaires, mais elle appelle à la prudence, commente Arsène Zongo. Le chercheur rappelle qu’il n’existe pas encore de démonstration scientifique de l’efficacité du cannabis médical pour la grande majorité des conditions pour lesquelles il est prescrit. «Ce sont des considérations juridiques et non des preuves scientifiques qui ont conduit le Canada à légaliser l’usage du cannabis médical en 2001.»
Le profil de sécurité du cannabis médical est encore mal connu, mais il se précise à mesure que son usage croît dans la population. «Considérant le peu de preuves scientifiques démontrant l’efficacité du cannabis médical, il est important que les médecins évaluent bien les bénéfices et les risques avant d’en prescrire à leurs patients, souligne le professeur Zongo. Il serait hasardeux d’en prescrire à des personnes qui ont des problèmes cardiaques connus sans assurer un suivi très serré de ces patients.»
Ressources
Plus d’information sur les travaux de Dr Zongo : http://www.crchudequebec.ulaval.ca/recherche/chercheurs/arsene-zongo/.
Les travaux de Dr Zongo s’inscrivent dans l’Axe Santé des populations et pratiques optimales en santé du Centre de recherche du CHU de Québec
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