L’eau du robinet : loin d’être plate

02.09.2021  -  
Équipe Santé durable

L’organisme VisezEau® a un objectif : faire de l’eau la principale source d’hydratation des Québécois et Québécoises. Mais pas n’importe laquelle : l’eau du robinet. Son défi est de la rendre aussi attrayante que celle vendue en bouteille.

Imaginons que vous allez marcher dans le Vieux-Québec par une journée caniculaire comme nous en avons connu en août. Après quelques heures, la gourde ou la bouteille en inox que vous avez pris la précaution d’apporter est vide. Que ferez-vous? Parions que vous n’aurez pas d’autre choix que d’entrer dans le premier dépanneur pour y acheter une bouteille d’eau.

L’accès à l’eau publique : voilà l’un des obstacles qui tarabustent Michel Lucas, docteur en épidémiologie, professeur agrégé à l’Université Laval et chercheur principal de VisezEau®.

« Nos milieux de vie, que ce soient les entreprises, les écoles ou les villes, rendent l’eau municipale peu accessible. Quand je vois des machines distributrices le long de certaines pistes cyclables plutôt que des fontaines d’eau, ça me fâche. Il faut travailler sur ces problèmes d’accès. Le choix par défaut devrait être le meilleur. » – Michel Lucas.

L’organisme VisezEau® a déjà fait un bout de chemin en ce sens dans 35 écoles québécoises en y installant des fontaines munies de filtres. « Il y avait des problèmes de contamination au plomb, qui viennent d’un problème de stagnation dans la tuyauterie, pas de la qualité de l’eau municipale, il faut le souligner, dit-il. Les filtres de ces fontaines éliminent les traces de plomb et le goût de chlore. Et les becs en col de cygne permettent de remplir facilement une bouteille réutilisable. »

Ainsi, les enfants ont plus le réflexe de boire de l’eau « de la Ville » plutôt que des boissons sucrées ou de l’eau embouteillée qui, en plus d’être coûteuse et dommageable pour l’environnement, n’est pas analysée, contrairement à l’eau municipale.

Rendre l’eau plus attrayante

Au Canada, en 2019, un ménage sur cinq consommait principalement de l’eau embouteillée. Nombreux sont ceux qui se méfient encore de l’eau municipale, rebutés par son odeur de chlore (alors que celle-ci devrait les rassurer, précise M. Lucas), tandis que d’autres ont encore en tête des stratégies de marketing douteuses. « L’industrie des boissons sucrées a toujours vu l’eau du robinet comme un ennemi; de vieilles publicités montraient qu’elle n’était pas sécuritaire, ce qui est totalement faux. Le lobby de l’eau embouteillée est aussi très puissant. Ces gens tentent de placer leurs pions le mieux possible », poursuit le chercheur.

Il y a de l’éducation à faire, ainsi qu’un travail de valorisation de l’eau municipale, qui passera par une amélioration de son image, mais aussi par des activités ludiques, souligne M. Lucas. « Bientôt, chez VisezEau®, nous allons lancer Cuisiner l’eau, une initiative développée par le célèbre sommelier et chercheur en “science aromatique” François Chartier. On montrera aux gens comment magnifier leur eau, par exemple avec des herbes, des zestes d’agrumes; on leur fera découvrir toutes sortes de recettes pour qu’ils cuisinent l’eau. »

Le but : que chacun et chacune soit un agent actif dans son apprivoisement de l’eau potable publique. « Tout ça crée un mouvement de promotion et de prise en compte d’un patrimoine », conclut M. Lucas.

Ressources

Découvrez VisezEau® en visitant le site Web  www.visezeau.org.

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