L’impact de la pandémie sur les personnes ayant des incapacités

29.10.2021  -  
Équipe Santé durable

La pandémie de COVID-19 a bouleversé le quotidien de tout le monde : ados, enfants, aînés, parents, célibataires, sans oublier les personnes ayant des incapacités. Comment ces changements se sont-ils incarnés pour ces dernières, concrètement? L’étude MAVIPAN permet de dresser un bon portrait.

Ma vie et la pandémie au Québec, c’est le nom entier du projet de recherche MAVIPAN, mené par les quatre centres de recherche du CIUSSS de la Capitale-Nationale en collaboration avec la plateforme collaborative de recherche PULSAR, hébergée à l’Université Laval. L’objectif : documenter les effets de la pandémie et savoir comment les Québécois et Québécoises s’y adaptent.

Parmi les personnes dans la mire de l’étude figurent celles ayant des incapacités. Grâce à une cinquantaine d’entrevues et de questionnaires auxquels ont répondu quelque 300 participants, les chercheurs ont constaté qu’elles s’en sortaient relativement bien sur le plan psychologique, bien qu’une partie non négligeable ne doive pas demeurer dans un angle mort.

«Nos statistiques montrent qu’un tiers d’entre elles ont un sommeil de moins bonne qualité qu’avant la pandémie, et plus de symptômes de dépression et d’anxiété»
– François Routhier, professeur titulaire au Département de réadaptation de l’Université Laval et chercheur au Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale (Cirris).

Le confinement a fait apparaître de nouveaux problèmes pour certaines d’entre elles. Par exemple, les gens en fauteuil roulant qui utilisent depuis longtemps le service de livraison de leur épicerie. «Quand tout le monde s’est mis à faire livrer son épicerie, ça a été problématique pour eux. Ils n’avaient pas toujours de plan B. Parfois, le délai de livraison était d’une semaine; c’est long quand ton frigo est vide», poursuit-il.

Ce sont cependant surtout des problèmes préexistants qui ont été exacerbés par la pandémie, comme l’accès aux soins à domicile. «C’était déjà problématique, dans plusieurs cas ça l’est devenu à un niveau extrême, mentionne M. Routhier. En raison d’un manque de personnel, oui, mais aussi parce que certains préposés ne voulaient pas se rendre dans les résidences des gens. Ou alors c’étaient les personnes en situation de handicap qui ne voulaient pas recevoir quelqu’un chez elles en raison des risques que cela posait.»

Le confinement : pas nouveau!

Des personnes interviewées ont souligné que le confinement ne les avait pas tant affectées, puisque c’est une situation habituelle pour plusieurs d’entre elles. «Concernant la première vague, les gens en fauteuil roulant nous disaient : “On est confinés de novembre à mars chaque année, en 2020 ça a juste continué jusqu’en mai. Tout le monde voit ce qu’on vit, maintenant…”» Plusieurs ont déploré que leur situation ait été peu ou pas présente dans les médias et ont souligné qu’il était très important pour eux que des organismes les représentent et défendent leurs droits.

Et les parents?

Les parents, on le sait, ont vécu leur lot de stress et de détresse pendant la pandémie. Imaginez les parents d’enfants ayant des incapacités… «Selon les résultats de l’étude, la santé mentale de 50 % d’entre eux s’est détériorée depuis le début de la pandémie, 40 % ont dû scolariser leur enfant à la maison, 55 % ont affirmé qu’ils pourraient perdre leur emploi, 50 % s’inquiétaient de leurs finances, 50 % se sentaient isolés, et presque 75 % ont dit que des changements importants ont eu lieu dans l’offre de santé et services sociaux pour leur enfant», liste François Routhier.

Pas de doute, il faudra être attentif aux besoins de ces experts en acrobaties quotidiennes aujourd’hui à bout de souffle.

Ressources

Pour en savoir plus sur MAVIPAN : https://mavipan.ca/

Tous les projets de recherche réalisés avec PULSAR aident à développer une société plus en santé et plus longtemps. Pour en savoir plus sur PULSAR : https://pulsar.ca/

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