Certaines personnes ont un profil qui réduit les chances de succès d’un régime
Contrairement à ce que certains pourraient croire, le succès d’un programme amaigrissant n’est pas uniquement une question d’efforts et de respect des consignes. Une équipe de chercheurs vient d’en faire une nouvelle démonstration en publiant dans la revue Frontiers in Nutrition une étude qui suggère qu’il existe des caractéristiques individuelles, dont certaines liées au stress, qui réduisent les chances de succès d’un régime.
Fruit d’une collaboration entre des chercheurs de l’Université Laval, d’Europe et d’Océanie, cette étude repose sur des données récoltées auprès de 2020 sujets en surpoids et prédiabétiques qui ont participé à une intervention en deux temps. La première phase, d’une durée de deux mois, visait une perte de poids représentant au moins 8% du poids initial. Ceux qui n’atteignaient pas l’objectif étaient exclus du programme. Ceux qui y parvenaient pouvaient entreprendre la seconde phase, d’une durée de 34 mois, visant le maintien de la perte de poids sur une longue période.
«Il ne manque pas de régimes qui permettent de perdre du poids rapidement. Le véritable défi consiste à maintenir les acquis parce que le corps réagit pour reprendre le poids perdu, souligne le responsable de l’étude, Angelo Tremblay, professeur au Département de kinésiologie de l’Université Laval et chercheur au Centre de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec et à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels.
Au terme de la première phase, 191 participants n’avaient pas atteint la cible prescrite. «Leur engagement dans le programme, que nous avons mesuré par leur taux de participation aux activités de suivi et de soutien, était pourtant aussi grand que celui des sujets qui avaient atteint l’objectif», constate Angelo Tremblay.
« Plus le niveau de stress, la fréquence cardiaque au repos et le sentiment de restriction alimentaire mesurés en début d’intervention étaient élevés, moins la perte de poids subséquente était grande. »— Angelo Tremblay
Les analyses de chercheurs montrent qu’avant même d’entreprendre le régime, les sujets du groupe «insuccès» avaient une sensibilité à la faim et une sensation de faim plus élevées que les sujets de l’autre groupe. Leur niveau de stress était également plus grand. «Plus le niveau de stress, la fréquence cardiaque au repos et le sentiment de restriction alimentaire mesurés en début d’intervention étaient élevés, moins la perte de poids subséquente était grande. Il s’agit de trois variables liées au stress», signale le professeur Tremblay.
Les chercheurs ont effectué une seconde série de mesures au terme de la première phase du programme. Même si le déficit calorique induit par l’intervention était deux fois moins élevé chez les participants du groupe «insuccès», leur sensibilité à la faim et leur sensation de faim s’étaient davantage accrues que dans l’autre groupe. De plus, l’intervention visant l’amélioration du sommeil a été moins profitable pour eux.
« Les professionnels de la santé doivent faire montre d’empathie et adapter leurs interventions afin qu’elles respectent ce que le corps et l’esprit de chacun de leurs patients peuvent tolérer. »
— Angelo Tremblay
«Nos résultats rappellent que l’insuccès des régimes amaigrissants n’est pas toujours le résultat d’un manque de volonté ou d’engagement de la part des participants, fait valoir le professeur Tremblay. Il existe des caractéristiques individuelles qui font qu’une intervention efficace pour les uns ne fonctionnera pas pour les autres. Les professionnels de la santé doivent faire montre d’empathie et adapter leurs interventions afin qu’elles respectent ce que le corps et l’esprit de chacun de leurs patients peuvent tolérer.»
Ressources
L’équipe dirigée par le professeur Angelo Tremblay oeuvre au sein de l’axe Obésité, diabète de type 2 et métabolisme du Centre de recherche de l’IUCPQ — Université Laval : https://iucpq.qc.ca/fr/recherche/axes-de-recherche/obesite-metabolisme
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