Les travailleurs infectés ont transmis la maladie à 30% des membres de leur ménage
On savait que les travailleurs de la santé avaient été durement touchés par la COVID-19 lors de la première vague de la pandémie. Une étude menée par une équipe de la Faculté de médecine de l’Université Laval, du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval et de l’Institut national de santé publique du Québec vient documenter l’ampleur du phénomène. Entre le 1er mars et le 14 juin 2020, 25% des personnes chez qui la COVID-19 a été diagnostiquée au Québec étaient des travailleurs de la santé, rapportent les chercheurs dans un article publié par la revue Infection Control & Hospital Epidemiology.
Les auteurs de l’étude arrivent à ce chiffre après avoir mené une enquête auprès de 4542 travailleurs de la santé occupant un emploi dans un établissement public ou privé pendant la première vague de COVID-19. À partir du nombre de répondants qui avaient reçu un diagnostic de laboratoire confirmant une infection au SARS-CoV-2, les chercheurs ont estimé que 13 726 travailleurs de la santé avaient contracté la maladie. Pendant cette période, un total de 54 005 cas de COVID-19 avaient été confirmés au Québec.
Pendant la période couverte par l’étude, 4,4% des travailleurs de la santé ont eu la COVID-19. Les infirmières auxiliaires (7,4%) et les préposés aux bénéficiaires (7,3%) ont été les plus atteints, suivis par les infirmières (4,2%) et les médecins (1,8%).
Les familles des travailleurs de la santé qui ont contracté la COVID-19 n’ont pas été épargnées. Les données montrent que 30% des personnes vivant sous le même toit que les travailleurs infectés ont développé la maladie après eux.
«Le fait que les travailleurs de la santé avaient plus facilement accès aux tests de dépistage et le fait que la COVID-19 circulait peu dans la population pendant la première phase de la pandémie peuvent expliquer la proportion élevée de travailleurs de la santé parmi tous les cas rapportés, précise le responsable de l’étude, Gaston De Serres. Néanmoins, les données montrent clairement que les travailleurs de la santé et leur famille ont été vraiment très touchés en début de pandémie.»
« Les données montrent clairement que les travailleurs de la santé et leur famille ont été vraiment très touchés en début de pandémie. »
Gaston De Serres
Plusieurs facteurs ont contribué à la propagation de la COVID-19 chez ces travailleurs, soulignent les auteurs de l’étude. Manque de préparation, manque de formation, manque d’équipement de protection, respect variable des mesures de protection et mouvements du personnel entre zones chaudes et zones froides.
Pendant la période étudiée, 11% des travailleurs occupaient un emploi dans plus d’un établissement de santé et 57% des répondants disent avoir côtoyé un collègue de travail infecté par la COVID-19.
«Les travailleurs de la santé infectés ont été des vecteurs de transmission de la COVID-19 pour les patients, pour leurs collègues de travail et pour les membres de leur famille», résume le professeur De Serres.
Les chercheurs continuent de suivre l’évolution de la situation chez les travailleurs de la santé. Un rapport documentant ce qui s’est produit pendant la deuxième vague sera déposé dans les prochaines semaines.
Les auteurs de l’étude parue dans Infection Control & Hospital Epidemiology sont Sara Carazo, Denis Laliberté, Jasmin Villeneuve, Richard Martin, Pierre Deshaies, Geoffroy Denis (U. McGill), Georges Adib, France Tissot, Marc Dionne et Gaston De Serres.