Repositionner des médicaments anti-obésité pour traiter la maladie d’Alzheimer

26.05.2021  -  
ULaval Nouvelles

L’un de ces médicaments améliore la mémoire chez des souris modèles de cette maladie neurodégénérative

Certaines molécules qui n’ont pas donné les résultats attendus contre l’obésité et le diabète mériteraient d’être mises à l’essai dans le traitement de l’alzheimer. C’est ce que suggèrent les travaux d’un groupe de chercheurs de l’Université Laval et de l’Unité mixte de recherche CNRS – Muséum national d’histoire naturelle dans un article publié par la revue Alzheimer’s Research and Therapy.

Pour les besoins de l’étude, les chercheurs ont eu recours à une lignée de souris transgéniques qui, en vieillissant, affichent les deux principales manifestations de l’alzheimer. «On observe la formation d’enchevêtrements de protéines tau et de plaques amyloïdes dans leur cerveau», résume le responsable de l’étude, Frédéric Calon, professeur à la Faculté de pharmacie et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval.

Lorsque ces souris ont atteint l’âge de 15 mois, les chercheurs leur ont administré quotidiennement, pendant un mois, une dose de CL-316,243. «Il s’agit d’une molécule qui a été développée pour le traitement du diabète et de l’obésité, mais les résultats n’ont pas été assez convaincants pour qu’elle soit commercialisée à cette fin. Cette molécule augmente la thermogenèse et le métabolisme en stimulant des récepteurs membranaires, les β3AR, qui sont particulièrement abondants dans le tissu adipeux brun», précise le professeur Calon.

Comme prévu, le CL-316,243 a amélioré le métabolisme du glucose et la thermogenèse des graisses brunes chez les souris. Par ailleurs, des effets étonnants ont été observés du côté du cerveau. Les chercheurs ont constaté que les scores obtenus aux tests de mémoire avaient augmenté de 19% par rapport aux tests effectués à l’âge de 14 mois. De plus, ils ont observé une baisse de 27% dans la concentration d’un marqueur moléculaire reflétant le risque de formation de plaques amyloïdes. Par contre, aucun effet bénéfique n’a été noté du côté des enchevêtrements de protéines tau.

« Ces résultats sont suffisamment encourageants pour justifier la poursuite de travaux sur le lien possible entre l’alzheimer et la thermogenèse. » — Frédéric Calon

Bien qu’imparfaits, ces résultats sont suffisamment encourageants pour justifier la poursuite de travaux sur le lien possible entre l’alzheimer et la thermogenèse, estime Frédéric Calon.

«L’âge est le plus important facteur de risque pour l’alzheimer. On sait aussi que les capacités thermorégulatrices diminuent lorsqu’on vieillit. Considérant qu’en dépit de décennies de recherche, il n’existe toujours pas de traitement contre l’alzheimer, je crois qu’il vaut la peine d’évaluer les effets de médicaments qui activent la thermogenèse des graisses brunes sur les principales manifestations de l’alzheimer.»

L’étude parue dans Alzheimer’s Research and Therapy est signée par Marine Tournissac, Tra-My Vu, Nika Vrabic, Cynthia Tremblay, Koralie Mélançon, Emmanuel Planel et Frédéric Calon, de l’Université Laval, et Clara Hozer et Fabien Pifferi, de l’Unité mixte de recherche CNRS – Muséum national d’histoire naturelle.

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