Chant choral: des effets modestes sur le déclin cognitif

16.12.2022  -  
ULaval Nouvelles

Il y a plusieurs bonnes raisons de chanter en groupe, mais la prévention du déclin cognitif causé par le vieillissement ne vient pas au sommet de la liste

Si vous faites du chant choral dans le but de freiner le déclin de vos capacités cognitives, il vaudrait mieux réviser vos attentes à la baisse, sinon vous risquez d’être déçus. C’est le conseil que vous donne la professeure Pascale Tremblay, de l’Université Laval, à la lumière d’une étude qu’elle vient de publier dans la revue Cognition et qui démontre que la pratique du chant choral a des effets modestes sur le ralentissement du déclin cognitif qui accompagne le vieillissement.

La professeure Tremblay, qui est rattachée au Département de réadaptation et au Centre de recherche CERVO, et l’étudiant-chercheur Maxime Perron arrivent à ce constat après avoir fait passer une batterie de tests à un groupe de 147 personnes âgées de 20 à 98 ans. Du nombre, 72 pratiquaient le chant choral depuis au moins deux ans, alors que les 75 autres ne faisaient pas partie d’une chorale et chantaient peu ou pas à la maison.

«L’idée que la pratique de certaines activités favorise la préservation des capacités cognitives est séduisante, surtout dans le contexte du vieillissement de la population, rappelle la professeure Tremblay. Le chant choral fait travailler l’attention, la mémoire, la concentration ainsi que la capacité de sélectionner certaines informations auditives et d’en bloquer d’autres. En théorie, on pourrait s’attendre à ce que cela aide au maintien des fonctions cognitives.»

Pour déterminer si c’était le cas, les chercheurs ont soumis les 147 participants à des tests servant à mesurer quatre composantes cognitives: la vitesse de traitement de l’information auditive, la capacité de faire abstraction de certains signaux auditifs (attention sélective), la capacité de régler un conflit causé par des informations auditives contradictoires (contrôle inhibiteur) et la mémoire verbale de travail (une forme de mémoire à court terme utilisée, par exemple, pour mémoriser les paroles d’une chanson).

Les tests ont révélé que:

  • Les scores des quatre composantes cognitives diminuent en fonction de l’âge, et ce, dans les deux groupes de participants
  • La vitesse de traitement de l’information est la composante cognitive qui semble la mieux préservée grâce à la pratique du chant choral
  • Le nombre d’années d’expérience en chant choral est faiblement associé aux scores obtenus lors des différents tests.
  • «La pratique du chant choral semble donc avoir des effets limités sur le maintien des capacités cognitives, résume la professeure Tremblay. Par contre, ces effets peuvent se manifester même si on commence à chanter à un âge avancé, ce qui est une bonne nouvelle en soi. Les efforts investis dans la pratique du chant choral semblent compter davantage que le nombre d’années d’expérience.»

« Chanter en groupe favorise la stabilité et la force de la voix en plus d’avoir des effets bénéfiques sur l’humeur et sur les symptômes d’anxiété. Un autre élément qui fait consensus est que chanter en groupe procure un bien-être psychologique, et ce, à tout âge. »
— Pascale Tremblay, sur les autres effets positifs du chant choral

De nombreuses études ont exploré le potentiel du chant choral comme moyen de prévention du déclin cognitif. «Plusieurs effets positifs ont été rapportés, mais ce sont rarement les mêmes, constate la chercheuse. Considérant le peu de données probantes dont on dispose, la science a peut-être conclu un peu vite que le chant choral aidait à prévenir le déclin cognitif. Pour y voir plus clair, il faudrait procéder comme on le fait pour évaluer l’efficacité de toute autre intervention thérapeutique, soit avec un groupe témoin et un groupe de personnes qui n’ont jamais fait partie d’une chorale et qu’on soumettrait à un programme structuré de chant choral.»

Les données probantes soutenant les effets positifs du chant choral sur la prévention du déclin cognitif sont encore minces, mais il existe d’autres bonnes raisons de s’adonner à cette activité, rappelle la professeure Tremblay. «Chanter en groupe favorise la stabilité et la force de la voix en plus d’avoir des effets bénéfiques sur l’humeur et sur les symptômes d’anxiété. Un autre élément qui fait consensus est que chanter en groupe procure un bien-être psychologique, et ce, à tout âge.»

Ressources

L’étude « Auditory cognitive aging in amateur singers and non-singers » peut être lue ici : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0010027722003006?

Pour en savoir plus sur les travaux de l’équipe de Pascale Tremblay : https://speechneurolab.ca/equipe/

Pour en savoir plus sur les projets de recherche en neurosciences cliniques et cognitives au Centre de recherche CERVO : https://cervo.ulaval.ca/fr/neurosciences-cliniques-et-cognitives

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