Les sciences de la vie en ébullition 

Le Forum de l’industrie de la santé de Québec (FISQ), organisé par Québec International et Québec VITAE, en partenariat avec le Gouvernement du Québec et de nombreuses entreprises et associations sectorielles, s’est déroulé en mode virtuel du 7 au 9 décembre 2021.

Les bouleversements causés par la pandémie de COVID-19 ont naturellement teinté la programmation. Une volonté collective d’améliorer les pratiques et d’accélérer l’intégration des innovations a également transcendé les discussions tout au long de ces trois journées. D’ailleurs, les défis que le secteur a relevés ont été soulignés dès le mot d’ouverture du FISQ par Pierre Fitzgibbon et Christian Dubé, respectivement ministre de l’Économie et de l’Innovation et du Développement économique, et ministre de la Santé et des Services sociaux. À leur avis, les innovations doivent plus que jamais être mises au service des priorités de santé et du développement économique. Et pour cause! « Notre système de santé était déjà sous pression avant la crise. Trop axé sur les traitements, il néglige la prévention, bien que plus de 70 % des décès soient attribuables à des maladies chroniques ou à des cancers liés à notre mode de vie (excès d’alcool, tabagisme, mauvaise alimentation, sédentarité) », comme l’a rappelé Jean-Pierre Després, Directeur scientifique de VITAM – Centre de recherche en santé durable, dans un récent article paru dans le magazine l’Actualité. Le potentiel d’amélioration des pratiques par l’intégration d’innovations est nécessaire et demandé par le milieu.

La première journée du FISQ en fut une riche en discussions, en idées et en réflexions. Trois axes principaux nous ont toutefois semblé prédominants.

 1- Actualisation de la Stratégie québécoise des sciences de la vie 

L’un des points forts de cette première journée portait sur l’actualisation de la Stratégie québécoise des sciences de la vie (SQSV). Ce programme, piloté par le ministère de l’Économie et de l’Innovation, est un plan d’investissement gouvernemental en recherche et en innovation visant à diminuer le risque des investissements privés, favoriser la création et le maintien d’entreprises, attirer de nouveaux investissements privés et intégrer davantage d’innovation dans le réseau de la santé et des services sociaux. La SQSV fait actuellement l’objet d’une mise à jour importante et essentielle.  

Le contexte pandémique a accentué le sentiment d’urgence de réforme de la SQSV et a favorisé la mobilisation autour de la relance du secteur. Pour soutenir cette mobilisation et mettre à jour la SQSV, le ministère de l’Économie et de l’Innovation a mis en place un processus de consultation impliquant quatre chantiers de réflexions. Lors de ces consultations, le ministère a reçu plus de 230 mémoires qui ont nourri les travaux de réflexion des chantiers. 

Lors d’une table ronde intitulée « Réflexions sur les orientations en sciences de la vie », les conférenciers ont identifié de nombreux bénéfices à la mise à jour de la SQSV pour les petites entreprises et les organisations de recherche et développement dans les sciences de la vie. Ils ont notamment mis l’accent sur trois occasions :

• Identifier les freins actuels à l’intégration des innovations dans le système de santé québécois
• Prioriser les besoins des organisations à tous les niveaux et puiser dans l’expérience de celles qui ont réussi le passage de l’idéation à la mise en marché
• Informer le palier fédéral et ainsi permettre d’aligner les programmes nationaux avec les priorités identifiées au Québec.

Le processus vers une SQSV actualisée et centrée sur les problématiques d’aujourd’hui est donc enclenché et sera d’une grande aide pour développer l’innovation dans les entreprises impliquées dans les sciences de la vie et des technologies de la santé. 

2- Vers le projet de loi 19 

Un second sujet fortement discuté lors de la première journée du FISQ fut celui des données en santé, plus spécifiquement leur accès. Mathieu Gervais, sous-ministre adjoint à la science et à l’innovation – ministère de l’Économie et de l’Innovation, a soulevé le sujet lors de la table ronde « Réflexions sur les orientations en sciences de la vie ». Il a souligné l’ouverture d’un cinquième chantier sur la question de la gestion des données en santé, à la demande des participants des chantiers. Depuis longtemps, de nombreuses voix demandent un meilleur accès aux données en santé au Québec. Cette problématique, vue comme centrale à l’opérationnalisation d’un système de santé apprenant, fut d’ailleurs le sujet de la table ronde « Accès aux données de santé », qui s’est tenue plus tard cette même journée. (Un article complet sur cette table ronde est en cours de préparation.)

Les travaux de ce nouveau chantier en plus d’une vaste consultation ont grandement nourri la réflexion gouvernementale en matière de gestion et de valorisation des données de santé au courant des derniers mois. La présentation du projet de loi no 19 intitulé « Loi sur les renseignements de santé et de services sociaux et modifiant diverses dispositions législatives » à la séance de l’Assemblée nationale du 3 décembre dernier représente un résultat important de cet exercice collectif.

« Ce projet de loi établit un cadre juridique spécifique aux renseignements de santé et de services sociaux applicables à tout organisme du secteur de la santé et des services sociaux qui détient de tels renseignements. Il a pour objet d’assurer la protection des renseignements, tout en permettant l’accès à ces derniers en temps opportun et en optimisant l’usage qui peut en être fait, en vue d’améliorer la qualité des services offerts à la population et de permettre une gestion du système de santé et des services sociaux basée sur la connaissance des besoins des personnes et de la consommation des services », précise Christian Dubé, ministre de la Santé et de Services sociaux, lors de la présentation du projet de loi.

 3- En mode solution 

Finalement, les conséquences de la pandémie furent un troisième sujet fort de cette journée. Il fut mentionné que le Ministère a reçu plus 600 propositions spontanées provenant d’entrepreneurs, de chercheurs, de dirigeants d’organisations et de citoyennes et de citoyens préoccupés par les conséquences de la pandémie sur la santé de la population et sur l’intégrité du système de santé et de services sociaux. Pour évaluer les propositions, le ministère s’est entouré de partenaires, parmi lesquels se trouvent le Consortium de recherche biopharmaceutique, l’association MedTech Canada et l’OBNL Prompt. Ce sont près de 10 millions de dollars qui ont été rendus disponibles pour le développement de projets visant une meilleure santé de la population en contexte pandémique, par exemple une meilleure gestion de la pandémie, des solutions pour la pénurie de main-d’œuvre, la conception et la distribution d’équipement de protection ou encore des moyens pour soutenir la santé mentale de la population. 

La richesse et la pertinence des discussions, ainsi que la diversité des organisations représentées démontrent une fois de plus la vitalité et la valeur stratégique de l’écosystème des sciences de la vie et des technologies de santé dans la grande région de Québec.

Ressources 

Le programme complet du quinzième Forum de l’industrie de la santé de Québec est disponible ici : https://www.quebecinternational.ca/fr/fisq 

Pour en savoir davantage sur Quebec VITAE : https://www.quebecinternational.ca/fr/quebec-vitae 

Pour en savoir davantage sur la Stratégie québécoise des sciences de la vie 2017-2027: https://www.quebec.ca/gouv/ministere/economie/publications/strategie-quebecoise-des-sciences-de-la-vie-2017-2027 

Pour en savoir plus sur le concept de système de santé apprenant : https://ssaquebec.ca/lunite/systeme-de-sante-apprenant/  

Pour en savoir plus sur le projet de loi 19 : http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-19-42-2.html