L’itinérance vue par l’humain

08.12.2021  -  
Équipe Santé durable

L’itinérance a plusieurs visages, tous porteurs d’émotions. Derrière ces visages se trouvent des vies, des expériences, des humains. Qu’en sait-on, vraiment?

Ils s’appellent Simon, Noël, Nancy, Jennifer et Steeve. Nous les découvrons dans une récente exposition intitulée Itinérance présentée au Musée de la civilisation (MCQ). Ils y sont identifiés comme des experts de vécu. À juste titre, car ces personnes ont vécu des situations d’itinérance par le passé et sont aujourd’hui en mesure d’en parler, de prendre du recul et d’en représenter les réalités.

Entre 2019 à 2021, ces experts de vécu ont eu l’occasion de se rencontrer régulièrement dans le cadre d’un projet collaboratif. Guidés par une artiste et une intervenante communautaire, et soutenus par une équipe du MCQ, ils ont collaboré au développement d’une installation muséale sur les réalités de l’itinérance. Cette installation, inaugurée le 26 mars 2021, est une première, autant pour le monde de la rue à Québec que pour le MCQ.

Pour Annie Fontaine, professeure agrégée de l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval, cette exposition a beaucoup de mérites, car elle présente les personnes itinérantes dans toute leur humanité.

« En co-construisant dès le début avec les experts de vécu et les travailleurs des organismes communautaires, en misant sur les arts de la photographie, de la poésie, de la vidéo et du documentaire, ce projet ouvre le dialogue sur cette réalité. Ensemble, ils ont réussi à non seulement présenter la réalité de l’intérieur, mais surtout à déconstruire des préjugés. »
– Annie Fontaine

 Le projet Sésame, une première ouverture sur l’itinérance

En 2019, le MCQ a initié le projet Sésame, une démarche qui vise à donner la parole à des communautés peu représentées dans les expositions. Le projet est une véritable « aventure humaine », comme le décrit d’ailleurs très bien le Blogue du Musée de la civilisation du Québec (MCQ). Plusieurs groupes ont été identifiés : les personnes marginalisées, celles vivant avec des handicaps, ou encore issues de l’immigration.

C’est en levant le voile sur les réalités de l’itinérance que le MCQ a lancé le projet Sésame. Le processus s’est fondé sur le travail de terrain en soutien aux personnes itinérantes ainsi que sur un désir mutuel du MCQ et des intervenants de présenter ces réalités au monde.

Pour Magali Parent, une intervenante communautaire engagée auprès de la communauté des personnes itinérantes à Québec, la volonté du MCQ tombait à point. Depuis plusieurs années, elle menait le projet Trajectoires, un projet d’exposition de photographies sur les parcours de vie et la communauté entourant les personnes à risque ou en situation d’itinérance.

« En blague, j’avais dit qu’avec ce projet-là, on irait au Musée de la civilisation, pour montrer au monde cette réalité. C’était un peu naïf, mais ça en dit beaucoup sur le désir de faire connaître la réalité au-delà de notre milieu. »
– Magali Parent

La collaboration et le respect des différents milieux représentés ont permis à l’équipe de conceptualiser, d’identifier et même de construire les œuvres présentées en seulement quelques mois.

Aux dires de Magali Parent, la valeur distinctive de l’exposition Itinérance repose sur l’ouverture du MCQ à laisser la parole aux personnes ayant vécu l’itinérance, pour que tous puissent parler librement, dans leurs mots, selon leur perspective.

D’abord présentée dans l’Espace Rencontres, l’exposition Itinérance peut être visitée de façon virtuelle sur le site Web du MCQ à l’adresse suivante : www.mcq.org/fr/exposition?id=880733

Ressources

Pour en savoir plus sur le Regroupement pour l’Aide aux Itinérants et Itinérantes de Québec (RAIIQ) : www.raiiq.org

Pour visiter l’exposition Itinérance et en savoir plus sur le projet Sésame: www.mcq.org/en/exposition?id=880733

Pour en savoir plus sur l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval : www.fss.ulaval.ca/travail-social-et-criminologie

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